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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 13:56

Aujourd’hui notre monde moderne est plutôt aseptisé, les objets manufacturés n’ont guère d’odeur ; je suis devant mon Mac et ma foi son disque dur et ses logiciels aussi performants soient-ils, sont muets sur ce plan!

Lorsque je vais au Supermarché les viandes vendues sous emballage sont quasi-inodores et même le rayon boucherie est discret. Toutefois j’ai remarqué que dans les pays chauds c’est un peu différent, la chaleur change la donne.

Hier en faisant mes courses j’ai vu une jeune dame « bien en chair » qui prenait beaucoup de plaisir à déboucher les flacons de liquide assouplissant pour le linge afin de les sentir, cela m’a rappelé qu’il fallait que j’en achète un.  Comme d’habitude j’ai pris  « senteur végétale », celui-ci la dame ne l’avait pas encore débouché et elle m’a demandé s’il « était bien ». J’ai dévissé le bouchon et nous l’avons senti l’une après l’autre ; il s’en dégageait une vague odeur d’herbe verte, la jeune femme est restée perplexe… Le dos du flacon indiquait seulement « 5 à 15% d’agents de surface cationiques, parfum…» J’en ai conclu que les parfums industriels étaient peut-être des agents chargés d’introduire des senteurs végétales à la surface de notre linge !

Dans le monde d’aujourd’hui il faut que nos maisons sentent bon et si nous perdons l’essence de la nature nous pouvons tout de même acheter des huiles essentielles ! Cela nous donne l’illusion que dame nature n’a pas déserté nos demeures.

Nos meubles et nos parquets, quand ils sont neufs, sentent pourtant plus la colle ou les produits chimiques que le bois. De plus ils n’ont plus besoin de cet odorant agent de surface qu’on appelait cire. Ah l’odeur de la cire d’abeille et les grands ménages de nos grands-mères !…

Aujourd’hui au dessus de nos « plaques de cuisson » nous avons installé des hottes aspirantes qui nous débarrassent des odeurs de cuisine. Jadis la soupe poireaux-pommes-de-terre sentait bon, aujourd’hui il faut rajouter une feuille de laurier ou de la mie de pains et mettre en marche la hotte pour que ne nous soyons plus empoisonnés par ces malodorants poireaux.

Parfois j’ai peur de perdre l’odeur de l’enfance, l’odeur des draps qu’on faisait sécher sur l’herbe et les buissons qui foisonnaient derrière la maison où s’étalaient les ruines de l’ancien château-fort. Quelle bonne « senteur végétale » nous respirions lors du pliage des draps, en quatre dans le sens de la longueur en les étirant bien, puis en quatre dans l’autre sens avant de les ranger dans l’armoire avec un petit bouquet de lavande du jardin.

En ce temps-là « la mère Denis » n’avait pas encore sa machine à laver parce que l’eau n’était pas au bout d’un robinet. Dans les lavoirs ou de grands baquets, les laveuses frottaient là où il fallait, elles frappaient le linge avec une masse de bois, le faisaient bouillir et allaient le rincer à la rivière où dans une pièce d’eau de la propriété où coulait une source et où les vaches n’allaient pas s’abreuver.

Comme chaque fois où il y avait des tâches exceptionnelles il y avait aussi un menu adapté et reconstituant, sensé donner de l’énergie, car des efforts il fallait en fournir ce jour-là !

La maison sentait bien souvent le civet de lapin, les champignons, (je me souviens encore avec délectation de l’odeur des mousserons), les pommes de terre grillées, la pompe aux pommes, le café…

Lorsque ma grand-mère préparait le civet elle m’appelait pour goûter afin d’ajuster l’assaisonnement. J’adorais ce moment-là, où mon avis valait celui d’une grande personne.

Les soirées d’hiver aussi sentaient bon la bûche qui crépitait dans le fourneau, la cocotte en fonte noire dégageait aussi des effluves qui auraient déclenché des réflexes de Pavlov à une anorexique ! Anorexique je ne l’étais pas et la viande qui rissolait dans le saindoux était un régal qui se préparait.

Il fallait être patient, il n’y avait pas encore de micro-ondes, ni de cocotte-minute, ni d’induction… Il fallait surveiller le tirage du fourneau et le régler à l’aide d’une clé installée à la base du tuyau. Je me souviens encore du feu qui avait pris dans la cheminée un jour où nous faisions une grillade de porc. L’odeur était merveilleuse et j’avais voulu accélérer la cuisson pour me régaler plus vite. Seulement voilà la suie de la grande cheminée s’est enflammée elle aussi et j’ai couru chez les voisins pour demander de l’aide. La fontaine était loin, mais heureusement ce jour-là il y avait beaucoup de neige, aussi quelques pelletées de cette manne providentielle, prises sur le toit et jetées dans le conduit la cheminée suffirent à éteindre l’incendie et ma gourmandise.

Ninon

 

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