La proposition d'écriture est une amorce, une esquisse, des mots enchâssés dans la brume qui peuvent nous déranger, nous troubler, mettre à l'épreuve notre pensée qui essaie d'organiser ce désordre et fait surgir des mots sur le papier.
Cependant le mûrissement peut-être long, c'est une marche solitaire (même si nous écrivons ensemble), où la pensée est tout d'abord chaotique et nous oblige à revenir en arrière pour pouvoir la saisir, la modeler, la ciseler, la tisser, la faire nôtre.
Nietzsche a écrit: "Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile dansante". N'est-ce pas superbe? Le potentiel de chaos des génis créateurs est certainement supérieur au notre, mais ce qui est important est d'en faire une œuvre, notre ouvrage à un moment précis de notre vie.
Penchons nous quelques instants sur le début d'un poème de Paul Valéery, écrit au midi de sa vie, (il a 49 ans lorsqu'il le publie) :
"Ce toit tranquille, où marchent les colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée!
Ô récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!
Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le Songe est savoir.…"
(le Cimetière Marin)
La vague de la mer toujours recommencée laisse des traces (les mots, les signes, écrits à l'encre bleue?) sur ce toit tranquille (la mer, la feuille blanche?) où marchent les colombes (les bateaux, les voiliers, les songes transmutés en vers par le poète?)
Dans ces belles journées d'été laissez vous aller à l'écriture, laissez venir les mots et chassez les maux de toute sorte!
Ninon